INDICIBLE INDICE CIBLE – Ghérasim Luca

Paris, 15 mars 1963, ex. unique.
– 54 p. ; 15,5 x 13 x 7,5 cm ; (18’) – album photo ; texte autographe, mine de graphite sur canson crème.
– couv. bois sculpté et cuir ; 25 planches, carton fort ajouré.
Fonds Ghérasim Luca, donation Micheline Catti ; inv. n° 073 23.

Détails

Album photo de 25 planches de carton fort, ajourées de part en part (1 fenêtre par page, cadre gaufré).

Couverture bois sculpté, motif floral sur la première de couverture, dos cuir, tranches dorées ; gardes de papier fort blanc moiré et strié.

Photographies fin XIXe diverses (architecture, paysages, statuaire, portraits) dont certaines portant des dessins, notamment un dessin «aux petits points» ; portrait format carte de visite dans une enveloppe papier intercalée entre la dernière page et la garde.

Textes autographes à la mine de graphite, quelques lettres calligraphiées «aux petits points», sur feuillets de canson crème découpés et insérés dans les ajours.

INDICIBLE INDICE CIBLE procède de la déclaration d’amour masquée. Par dissolution lexicale et association, Ghérasim Luca trace un chemin du «SAVOIR» vers le domaine du sensoriel, «VOIR», «[J]OUIR». Les «TOTEMS PHALLIQUES / DE LA FÉMINITÉ» lui font poser «M» – ou «MICHELINE / (L’ILLUMINATRICE)» (ONTOPHONIE PHOTOPHONIQUE) – comme Vierge, dont cet album restitue les «AUBES-JET».

Transcription

(le S et le A soulignés sont écrits aux petits points)

«INDICIBLE // INDICE CIBLE /// ,,SAVOIR’’ / (SANS TÊTE) /// [fenêtre vide] /// INDICE PENSABLE /// ,,’AVOIR’’ / (DÉCAPITÉ) /// INDICE / CERNABLE /// ’VOIR, / ’OUIR. / (A, J) /// INDICE /// SOLUBLE /// ’OUI’ /// NON /// TOTEMS / PHALLIQUES /// [statue de la vierge au sommet de la chapelle Saint-Thomas (Lyon), couverte d’un dessin aux points, à l’encre noir épais] /// DE LA FÉMINITÉ /// [légère touches noires à l’arrière de la coiffe d’un portrait de femme] /// NON-COUPÉE [au dos d’une photographie] /// ILLUMINIMACULÉE /// LES / AUBES-JET / DE / M // À PARIS LE 15 MARS 63 /// [enveloppe]»

Références

Le principe de la photographie dans une enveloppe en fin d’ouvrage fait écho à l’album LE SERF-PAN SIFFLE, où le procédé est justifié comme suit : «COMME ONDE “I” // CETTE PHOTO FIGURE EN HORS-PHOTO / COMME ON DIT HORS-TEXTE».

Le «M», récurrent dans les albums, est un indice pointé vers Micheline Catti. On trouve également une proximité entre l’«ILLUMINIMACULÉE» et la qualification de sa compagne dans l’album ONTOPHONIES PHOTOPHONIQUES : «ENLUMINÉ / PAR / MICHELINE / (L’ILLUMINATRICE)».

On peut noter une proximité entre cet album et une des sentences des Sept Slogans ontophoniques (José Corti, 2008), p. 57 : «SI L’INDICE SEMBLE ÊTRE L’INDICIBLE / LA CIBLE / PERÇONS ENSEMBLE L’IMPERCEPTIBLE / PERSONNE».

Remarques

La pastille collée en première garde nous montre que cet album est le n°18’. Il suit LE TRAVAIL POÉTIQUE, n°17’. Une continuité s’installe entre ces deux albums : le premier discute la destination du poème à l’aimée – «LE TRAVAIL POÉTIQUE / ÉTANT DESTINÉ À L’AIMÉE» –, le second réalise cette déclaration.

Particularités

L’album comporte un ajournement vide, laissant une ouverture de part en part. Procédé similaire dans l’album «À» et TIR À L’ARCANE MAJEUR.

Organisation des photographies

Neuf photographies d’architecture et de paysages.

Quatre photographies d’hommes.

Une photographie de mariés, une photographie de deux enfants.

Cinq photographies d’architecture, dont la statue de la vierge au sommet de la chapelle Saint-Thomas (Lyon) avec dessin « aux petits points ».

Six photographies de femmes, et une photographie d’acrobate (figure typique du poète-opérateur en action chez Ghérasim Luca).

Deux photographies d’architecture.

Une photographie de jeune femme en «hors-photo», dans une enveloppe en fin d’album.