Tristan Dassonville

Les appelants (un paysage)

 Un temps. Courte rotation du manège. Mouvement aléatoire des formes…

Des corbeaux de plastique qui tournent autour du vide, dans une ronde hypnotique et vaine. Ils simulent un paysage agreste. Une pulsation artificielle contrefaisant une agitation biologique, un dispositif mécanique feignant un groupement naturel, toujours la même antienne, cette vieille histoire de la nature, de la culture.

Une agitation d’ersatz se fait chahut d’oiseau et l’on considère attentivement le premier alors que l’on ne porte habituellement pas attention au second. Ou est-ce l’inverse? Question de point de vue.

Une nature morte aux oiseaux, une nature morte de chasse, il suffit parfois d’une nature morte pour contempler l’ordinaire. La roue tourne, et toute cette agitation autour de rien. Comme une danse macabre, la ronde de ces oiseaux de mauvais augure se répète inlassablement.

Peut-être de vrais corbacs, attirés par le cortège, viendront se mêler au ballet machinal. Un grain dans la mécanique, le temps de se rendre compte que rien ne se trame ici et qu’eux aussi se sont laissés leurrer par ces manoeuvres.

Un temps. Courte rotation du manège. Mouvement aléatoire des formes…

Les appelants (un paysage)
Plastique floqué, métal, polypropylène, moteur, câble électrique.
Dimensions variables, 2018.
Tristan Dassonville est né à Creil en 1992. Il vit et travaille à Merville au Bois.

Guillaume Perez

Surface (blanc), 2017. Bâche, clous. Dimensions variables

Guillaume Perez développe un travail de peinture dans lequel place importante
est donnée aux matériaux, ainsi qu’aux questions de rythmes et d’espace.
Qu’ils soient trouvés ou achetés et utilisés tels quels, les supports qu’il utilise
sont choisis pour leurs qualités matérielles et picturales, aussi, l’artiste joue
avec ces caractéristiques dans chacun des projets qu’il développe.
Présentée dans la salle des conditions atmosphériques, Surface (blanc) répond
à ces questionnements. En effet, l’artiste fait le choix de créer un damier sur le
sol de cet espace que le spectateur ne peut traverser et/ou expérimenter
physiquement à partir de bâches tressées blanches. Ou plutôt, supposées blanches.
Ces dernières changent de couleurs et se chargent de l’espace environnant : par
beau temps, ceux-ci se voilent d’un bleu léger, l’ocre des murs les jaunis, alors que
la pluie et la proche végétation vont progressivement les verdir durant tout l’hiver.

Alex Chevalier

claude rutault

Une pile chasse l’autre

CR1

CR2CR3CR4

inutile de parler du livre, chacun peut le consulter, le lire, il est là.

un mot sur ce qui est là mais pas dans le livre, la pile de tuiles et la pile de toiles. l’une et l’autre en attente. la pile de tuiles, blanchies à la chaux, sera déposée dans un courant du bassin d’arcachon côté cap-ferret fin septembre. l’une et l’autre de passage. une fois récupérées, les tuiles seront grattées pour récolter le naissain de l’huître, puis empilées jusqu’à l’année prochaine. à la fin de l’exposition les toiles exposées regagneront la pile, seront plus tard repeintes de la couleur d’un nouveau mur en vue de ré-actualiser la dé-finition/méthode, celle-ci ou une autre. ainsi de suite au fil du temps. des imprévus se produiront, les courants qui portent le naissain auront changé, il passera ailleurs, les toiles auront à faire bonne figure sur un mur de béton brut, il faudra les désagrafer et les recouvrir d’une nouvelle toile, brute. les toiles et les tuiles vivront de nouvelles aventures, une tempête bousculera les tuiles, les toiles rencontreront d’autres regards venus assister à l’un des moments de ce présent de la peinture en fuite perpétuelle.

cette rencontre entre toiles et tuiles dans le contexte de l’art est à la fois étrange et banale. ce n’est que ce qui se produit tous les jours, partout. elle n’est qu’un instantané, une parenthèse, un sujet d’archive. c.r. mai 2014.