Tristan Dassonville

Les appelants (un paysage)

 Un temps. Courte rotation du manège. Mouvement aléatoire des formes…

Des corbeaux de plastique qui tournent autour du vide, dans une ronde hypnotique et vaine. Ils simulent un paysage agreste. Une pulsation artificielle contrefaisant une agitation biologique, un dispositif mécanique feignant un groupement naturel, toujours la même antienne, cette vieille histoire de la nature, de la culture.

Une agitation d’ersatz se fait chahut d’oiseau et l’on considère attentivement le premier alors que l’on ne porte habituellement pas attention au second. Ou est-ce l’inverse? Question de point de vue.

Une nature morte aux oiseaux, une nature morte de chasse, il suffit parfois d’une nature morte pour contempler l’ordinaire. La roue tourne, et toute cette agitation autour de rien. Comme une danse macabre, la ronde de ces oiseaux de mauvais augure se répète inlassablement.

Peut-être de vrais corbacs, attirés par le cortège, viendront se mêler au ballet machinal. Un grain dans la mécanique, le temps de se rendre compte que rien ne se trame ici et qu’eux aussi se sont laissés leurrer par ces manoeuvres.

Un temps. Courte rotation du manège. Mouvement aléatoire des formes…

Les appelants (un paysage)
Plastique floqué, métal, polypropylène, moteur, câble électrique.
Dimensions variables, 2018.
Tristan Dassonville est né à Creil en 1992. Il vit et travaille à Merville au Bois.