DÉ-MONOLOGUE HORS DE SOI – Ghérasim Luca

non daté [1963-1970], ex. unique.
– 34 p. ; 15 x 13 x 5 cm ; (22’) – album photo, 25 clichés ; texte autographe, lettres capitales, mine de graphite sur l’album.
– couv. cuir vert frappé ; 26 planches, carton fort ajouré.
Fonds Ghérasim Luca, donation Micheline Catti ; inv. n° 078 23.

Détails

Album photo de 26 planches de carton fin, ajouré au recto, anse de montage retenant la photographie au verso (une fenêtre par planche).

Couverture cuir vert, frappé, tranches dorées ; un fermoir métallique sur deux entier et fonctionnel ; garde en carton fin doublé de papier marbré et coloré.

25 photographies fin XIXe, format carte de visite, différents portraits (exclusivement plain-pieds, enfants seuls ou à deux, à l’exception de deux jeunes femmes (nourrices ?) et d’un homme en dernière page, haut de forme, costume, partiellement effacé) ; dos des photographies masqué par un feuillet de papier crème quand il est chargé en détails de provenance ou d’inscriptions d’époque.

Texte autographe, à la mine de graphite, en capitales, sur l’anse de montage (ou sur un feuillet crème quand l’anse est cassée) ; première page, titre autographe, même technique, sur un feuillet crème format carte de visite inséré dans un ajour vide.

«DÉ-MONOLOGUE» est un texte important dans l’œuvre de Ghérasim Luca puisqu’il pose un mot sur une certaine pratique du langage. La «DÉ-MONOLOGIE» de Ghérasim Luca travaille une incursion des voix extérieures dans la voix solitaire du «je» poétique. Le monologue se défait, ou s’auto-sabote, par la multiplicité des sens, le jeu de mot, le glissement de mot à mot et, finalement, par l’inscription dans l’album photo où pullulent les figures et individualités a priori extérieures au poème. Autant de facteurs qui coupent la linéarité du monologue du «je» et font s’ouvrir le texte à une «SCIENCE DE LA PERTE / DE SOI».

Transcription

«DÉ-MONOLOGUE / HORS DE SOI /// PRISE DE PERTE /// PERTE SUR PRISE / (CARTES SUR TABLE RASE) /// SON D’ANGE HEUREUX : /// DÉ-MONOLOGIE /// SCIENCE DE LA PERTE / DE SOI /// MÉ-SCIENCE /// MESSIE / (ANSE SANS TASSE) /// ANSE SA TASSE /// ANSE SANS TASSE /// S’ENTASSE /// TASSE /// TASSE /// S’ENTASSE /// S’ENTASSE /// S’ENTASSE /// DÉ-MONOLOGIE /// ANSE SANS TASSE /// ANSE SANS TASSE /// SANS TASSE /// ANSE D’UN BOL /// SANS SEIN /// NI TASSE /// DANSE GUILLOTINÉE /// ’ANSE D’UN DOUTE /// COMME L’OMBRE /// AUTO-SABOTAGE / ET GREVE GENERAL’»

Références

Alors que le titre «DÉ-MONOLOGUE HORS DE SOI» pourrait affilier cet album à la section «Dé-monologue» des Paralipomènes (éd Le Soleil Noir, 1976, p. 23), il ne renvoie qu’à son titre, le corps du texte lui n’y réfère pas directement. C’est ici une méthode qui est reprise, hissant le dé-monologue comme une manière de discourir et une attitude générale dans l’exercice du poème.

La Proie s’ombre (éd. José Corti, 1991), p. 45 : «gREVE / GENERALe / sans fin / ni commencement» > «AUTO-SABOTAGE / ET GREVE GENERAL’».

«COMMENT S’EN SORTIR SANS SORTIR», Paralipomènes, p. 82-83 : «En pure perte : / A perte sur prise / cartes sur table / («carte» sans queue ni tête / et carte blanche) / sur table rase» > «PRISE DE PERTE /// PERTE SUR PRISE / (CARTES SUR TABLE RASE)».

La notion d’«AUTO-SABOTAGE», fait également écho à «L’auto-sabotage comme un des beaux-art de v’ivre» dans l’album LE CRI-TAIRE.