À BRAS OUVERTS MAIN COUPÉE – Ghérasim Luca

non daté [1962-1963], ex. unique.
– 30 p. ; 29 x 23 x 7 cm ; (E’) – album photo, 30 clichés ; texte autographe, «aux petits points», lettres capitales, encre blanche sur canson noir ; retranscription dactylographiée.
– couv. velour jaune ; 13 planches, carton fort ajouré.
Fonds Ghérasim Luca, donation Micheline Catti ; inv. n° 062 23.

Détails

Album photo de 13 planches de carton fort ajourées de part en part (une ou quatre fenêtres par page).

Couverture de velour jaune, écoinçons métalliques dorés ; fermoir métallique endommagé, non fonctionnel ; dorures sur les tranches et l’encadrement des pages et des fenêtres ; gardes violettes, bosselage impression nuages, carton fin texturé (stries horizontales).

30 photographies XIXe siècle (portraits, plain-pied ou buste, format carte de visite ou cabinet, photographies de famille, couples, ou homme/femmes seuls, soldats).

Textes autographes, lettres capitales, «aux petits points» à l’encre blanche sur feuillets de canson noir granuleux, insérés dans les ajours ; derrière certains feuillets, texte inscrit à la mine de graphite, repères ; titre autographe au verso de la première garde, doublée d’un papier canson noir granuleux, collé, pleine page ; retranscription dactylographiée en capitales bleues sur feuille blanche fine, intercalé à la fin de l’album.

Comme dix-huit des quarante trois albums de ce fonds, À BRAS OUVERTS MAINS COUPÉES est un texte qui se trouve dans le recueil Paralipomènes en 1976. Texte et disposition de l’album évoluent ensemble, ainsi, au même titre que le texte échoue de mot en mot sur le terme «BRASIER», les planches se vident peu à peu de leurs figures. Les encarts laissés vierges, insérés dans les ajours, remplacent progressivement les portraits, pour qu’il ne reste enfin qu’un grand encart noir, sur lequel le livre se referme.

Transcription

«À BRAS OUVERTS / MAIN COUPÉE [en fausse page sur une grande feuille de canson noir, avant la première planche de carton avec photographie] /// LA TÊTE / À COUPER // JAMAIS LES MAINS / JAMAIS LES DOIGTS /// BRAS ET JAMBES COUPÉS // LES BRAS TOMBENT / À BRAS-LE-CORPS // LES BRAS TOMBENT / À POINGS FERMÉS // JAMBES-À-BRAS / SANS JAMBES NI BRAS /// LES MAINS VIDES / JETÉES À PLEINS BRAS /// À BRAS BALLANTS / LA MAIN TENDUE / AU CREUX DE LA MAIN / MENOTTES AUX ONGLES /// POUCE MORDU //// AURICULAIRE SOURD /// INDEX AVEUGLE /// ANNULAIRE / ET / MEDIUS / EN ANGLE X / LA NOCE NULLE /// MAIN-TENANT /// MAINS EN DÉRIVE /// AU BRAS D’UNE VERGUE /// À BRAS RACCOURCIS /// LA LANGUE COUPÉE /// IMPOSE LES MAINS /// À TOUR DE BRAS /// UNE AFFAIRE DE SANG / SUR LES MAINS /// UNE AFFAIRE DE MAINS / SUR LES BRAS /// LES BRAS DE SIÈGE /// EN ÉTAT DE. /// BRASIER»

Références

«A BRAS OUVERTS, MAIN COUPÉE», est un texte que l’on trouve dans «APOSTROPH’ APOCALYPSE», Paralipomènes (Le Soleil Noir, 1976), p. 76-77. Fait rare, à l’exception du dernier mot, «BRASIER», et d’un «S», les deux versions du texte concordent exactement. Transcription d’«A BRAS OUVERTS, MAIN COUPÉE» :
«La tête à couper / jamais la main / jamais les doigts // Bras à jambes coupés / les bras tombent à bras-le-corps / les jambes tombent à poings fermés / jambes à bras / sans jambes ni bras // Les mains vides / jetées à pleins bras // À bras ballants / la main tendue au creux de la main / menottes aux ongles // [saut page] Pouce mordu / auriculaire sourd / index aveugle // Annuaire et médius / en angle X / la noce nulle // Main-tenant // Main en dérive / au bras d’une vergue // À bras raccourcis / la langue coupée / impose les mains / à tour de bras // Une affaire de sang / sur les mains / sur les bras // Les bras de siège / en état de»

Remarques

Fait intéressant pour de la génétique du texte, ou simple oubli : il manque une phrase dans la retranscription dactylographiée du texte. «LES MAINS VIDES / JETÉES À PLEINS BRAS», ne figure pas dans la retranscription, mais peut se lire à la fois au sein de l’album et dans la première édition des Paralipomènes, publiée en 1976.

Cet album fait également partie des ouvrages où se révèlent des textes à la mine de graphite sous les encarts lorsque ceux-ci sont enlevés. Comme souvent, ces marques semblent être des repères pour le placement des feuillets calligraphiés «aux petits points».

Aussi, les choix de retranscription, entre texte dactylographié et répartition dans l’album, montrent qu’il n’y a pas de systématique typographique liée à l’étalement du texte : parfois les textes répartis sur les 4 ajours d’une même page sont séparés dans la retranscription par des virgules, parfois par des retours à la ligne, parfois pas du tout.

On peut trouver au dos de certains feuillets – pour peu qu’on les sorte de leurs ajours – des notations aux petits points. Ils correspondent sans doute à une tentative antérieure, laissée à l’état de brouillon, dont le verso vierge du papier a été récupéré pour créer le présent livre. Ces textes partiellement coupés laissent distinguer ce qui aurait pu être une version du poème «À LA SANTÉ DU «MORT»» (Paralipomènes, p. 78-81), un texte qui est significativement juste après «À BRAS OUVERTS, MAIN COUPÉE» dans la chronologie du recueil publié.