«À» – Ghérasim Luca

non daté [1962-1963], ex. unique
– 32 p. ; 31 x 26 x 7 cm ; (C’) – album photo, 23 clichés ; texte autographe, mine de graphite, lettres capitales, sur papier crème.
– couv. basane vert frappé ; 14 planches, carton fort, contrecollé, ajouré.
Fonds Ghérasim Luca, donation Micheline Catti ; inv. n° 064 23.

Détails

Album photo de 14 planches de carton contrecollé, ajourées de part en part (1 à 4 fenêtres par page) ;

Couverture de basane vert frappé, avec reliefs et dorures à motifs floraux et végétaux sur le premier et dernier plat, dos nervuré ; fermoir métallique absent ; gardes en papier fort, doublure de papier vert texturé à motifs végétaux blancs ;

23 photographies XIXe siècle format carte de visiteou cabinet (portraits : une homme et sa fille, soldats, seuls ou en binôme, hommes en costumes, jeunes femmes), dont certaines retournées dans leur fenêtre et une peinte (torero, cape peinte en rouge), une photographie, la dernière de l’album, coupée en deux au format cabinet (plus récente, début XXe, femme en costume asiatique) ;

Textes autographes, lettres capitales, à la mine de graphite, sur 26 feuillets de papier crème, fin, découpés au format carte de visite ou cabinet selon les encarts, insérés dans les ajours, 15 d’entre eux sont laissés vierges ; un ajour format cabinet laissé vide.

Partie prenant d’une conception du langage bien propre à Ghérasim Luca, ce texte interroge la réversibilité du langage par l’homonymie. Un flou s’installe par les rapprochements effrénés de syllabes qui entrent en concours et saturent l’espace sonore. Il en résulte une remise en question du haut, du bas, de ce qui fait sens et plus généralement de la notion de cadre ; interrogation doublée le renversement des photographies dans leurs ajours.

Transcription

«À» // (VOIRE «L’INITIALE» DANS «LA LETTRE» PARIS 1960) /// ZÉRO HÉROS ÉROS / EN «TÊTE À TÊTE» / SANS «T» NI «É» /// GRAVE SA VOIX/E/S / DE «A» À «A» ACCENT GRAVE /// (DE LA CHOSE À LA CH’OSE) /// ACCENTUE* / L’INITIALE // ACCENT TUE /// [cape de torero peinte en rouge et points rouge et bleu sur les chaussettes : comme dans le n°6] /// V’IVRE / SANS INITIALE /// [une photo à l’envers] /// & /// [sur une page à quatre fenêtre, la photo en haut à gauche et en bas à droite sont retournées : sur les lignes supérieures et inférieures = la même personne à l’endroit puis à l’envers] /// S’EN SORTIR* // *SANS SORTIR /// HORS HÉROS /// [page ajourée, découpée de part en part : laisse paraître «hors héros»] /// ZÉROS // MOT-VALISE / SANS FOND / AYANT / ZÉD / (OMEGA) / POUR FIN / D’INITIALE / PARIS 1962»

Références

Remarques

Serait extrait du poème «l’initiale» dans le recueil auto-édité par luca, La Lettre, Paris, 1960 (11 exemplaires tapuscrits, tract / affiche), disponible à la bibliothèque Jacques Doucet

Fait aussi écho à Paralipomènes, «Apostroph’ apocalypse», Soleil Noir, 71 : «en «tête à tête» / sans «t» ni «é»» / «de la chose à la ch’ose»

Paralipomènes, «Paralipomènes (suite)» p. 87 : «mot-valise à triple fond : / zéro (héros) éros, sans centre / mot-valise à triple fond»

Comment dans LE MORT EN COLÈRE, comporte une photo de toréador colorisée.

Particularités

L’album comporte un ajournement vide, laissant une ouverture de part en part. Procédé similaire dans les albums TIR À L’ARCANE MAJEUR et INDICIBLE INDICE CIBLE.

Organisation des photographies

A partir de la deuxième moitié de l’album, certaines photographies sont renversées dans leur cadre.