
non daté [1962-1963], ex. unique.
– 54 p. ; 30 x 21 x 3 cm ; (2) – album de cartes postales, 69 cartes ; texte autographe, écriture cursive, mine de graphite sur l’album.
– couv. toile cirée bleue, impression chromolithographique ; 25 planches, papier fort beige avec encoches.
Fonds Ghérasim Luca, donation Micheline Catti ; inv. n° 090 23.
Détails
Album de cartes postales de 25 planches de papier fort beige, motifs style art nouveau, 3 systèmes d’encoches pour placer les cartes (deux en paysage ou une centrale, orientation portrait).
Couverture de toile cirée bleue, usée sur les tranches, toile plus épaisse et flexible bleue pour le dos, impression en chromolithographie de chardons sur le premier plat, et intitulé «Album pour cartes postales» ; cahiers reliés au dos cousu, agrafé ; gardes en papier fort.
69 cartes postales, dont 50 des grottes d’Arcy-sur-Cure (ca. 1930, éditeur A. Joublin, Chalet des Grottes) puis 19 des «Gorges de Fier – Environ d’Annecy» (ca. 1930) ; légendes des photographies et toponymes poétiques, dernière lettres légendée : «Les gorges du Fier – Environs d’Annecy / La sortie sur le bois du Poête».
Textes autographes à la mine de graphite, en minuscules cursives, sous les cartes postales, dans les encarts vides et sur les gardes ; orientation du texte (paysage/portrait) relative à l’orientation de la carte adjacente.
Une certaine topologie de l’album, qui impose sa navigation souterraine, embrasse l’enfermement du texte sur ses propres boucles – au bord du slogan, construit sur un balancement binaire, répété pour appuyer son effet. L’album montre ici bien l’efficacité de son dispositif, entre perte de repères par la répétition et les variations de ses accrochages, provoquant la rapidité du parcours et la plongée du lecteur dans un rythme intense. La sortie de grotte, par la référence à Platon, motive bien sûr l’idée d’un parcours initiatique par l’album.





Transcription
«Comment placer sur une orbite sans cieux / les prunelles sans yeux de nos orbites sans creux /// les lèvres sans bouche /// sous des narines /// sans trou /// l’oreille /// à l’orée de l’œil /// le dedans /// entre les dents /// et le dehors /// dedans /// Comment placer sur une orbite sans cieux /// les prunelles sans yeux de nos orbites sans creux /// les lèvres sans bouche /// sous des narines sans trou /// l’oreille /// à l’orée de l’oeil /// la rétine /// à même le tympan /// le dedans /// entre les dents /// et le dehors /// dedans /// Par la bouche qui bouche la bouche / la bouche qui bouche l’oreille /// et par l’oreille qui bouche l’oreille /// l’oreille qui bouche la bouche /// les yeux dans les yeux clos /// sous des paupières en pierre / aux cils silencieux /// Comment placer sur une orbite sans cieux / les prunelles sans yeux de nos orbites sans creux /// les lèvres sans bouche /// sous des narines sans trou /// l’oreille /// à l’orée de l’oeil /// la rétine /// à même le tympan /// le dehors /// dedans /// et le dedans /// entre les dents /// [deux dernières doubles pages orientation paysage, permet de réécrire intégralement le texte dans l’espace de deux doubles pages :] Comment placer sur une orbite sans cieux /// les prunelles sans yeux de nos orbites sans creux /// l’oreille à l’orée de l’œil la rétine à même le tympan /// le dedans entre les dents et le dehors dedans»
Références
Le texte de l’album est repris dans «D’Audiant à voyant», Paralipomènes (éd. Le Soleil Noir, 1976), p. 43. Par rapport à la version courante du texte, il est ici répété quatre fois, avec de légère variations :
Le segment «la rétine /// à même le tympan» est absent de la première itération, mais ajoutée lors des trois suivantes. Le texte publié au Soleil Noir suit cette dernière : «Comment placer sur une orbite / sans cieux / les prunelles / sans yeux / de nos orbites / sans creux ? // les lèvres / sans bouche / sous des narines / sans trou ? // l’oreille à l’orée de l’œil / la rétine à même le tympan / le dedans entre les dents / et le dehors dedans ?».
Le paragraphe suivant est inédit : « Par la bouche qui bouche la bouche / la bouche qui bouche l’oreille /// et par l’oreille qui bouche l’oreille /// l’oreille qui bouche la bouche /// les yeux dans les yeux clos /// sous des paupières en pierre / aux cils silencieux».
Dispositif dans la continuité de l’album LIT IVRE (cartes postales, grottes, écriture cursive), et texte similaire à la première face de l’album ONTOPHONIE PHOTOPHONIQUE.
Reprend la logique de répétition du même texte comme dans l’album OEDIPE SPHINX (24’).

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