
non daté [1962-1963], ex. unique.
– 24 p. ; 30 x 24 x 3 cm ; (P) – album photo, 32 clichés ; texte dactylographié sur supports divers, texte autographe au verso ou sous les encarts.
– couv. cuir noir frappé ; 8 planches, carton fort ajouré.
Fonds Ghérasim Luca, donation Micheline Catti ; inv. n° 100 23.
Détails
Album photo de 8 planches de carton fort, ajourées de part en part (1 et 4 fenêtres par page, ovales ou rectangulaires), dorures sur l’encadrement des ajours, de la page et des fentes d’insertion.
Couverture cuir noir frappé, relief et filet doré sur le premier plat et le plat arrière, inscription de «relatives» en dorures sur le dos, tranches dorées ; tranches de couverture et coiffes usées, premier plat gondolé ; gardes de papier fort, doublé d’un papier blanc moiré et strié, deuxième garde de carton fin, «Album» calligraphié style victorien et motifs floraux.
32 photographies fin XIXe, dont 31 format carte de visite, 1 format cabinet (la première) ; portraits en situation d’un couple et de leur entourage, à Milan (par ex devant le monument funéraire de Barnabé Visconti, avant qu’il ne soit déplacé de l’église San Giovanni de Conca), mariage.
Textes dactylographiés à l’encre noir sur plusieurs types de supports (pour les petits ajours : cartes bristol beiges format cartes de visite ; pour les grands ajours : papier léger, beige et bleu, coupé et plié au format cabinet).
Textes autographes à la mine de graphite derrière chaque texte dactylographié, soit au dos des photos qui suivent, soit au dos du feuillet dactylographié (seulement visible en sortant les feuillets ou les photographies).
QUI VOYEZ-VOUS ? oscille entre le pastiche de l’interrogation cartésienne et la tautologie frénétique – du moins d’apparence. Puisque, comme le rappelle Dominique Carlat, il n’est pas question d’envisager ce texte comme une variation sur l’incommunicabilité – tendance psychologisante qui anémie la poésie de Luca –, mais bien comme une «expérience par laquelle chacune des deux ‘‘identités’’ se constitue dans la reconnaissance de son instabilité» (Ghérasim Luca l’intempestif, 1998, p. 267-268). C’est-à-dire le constat d’une reconnaissance dont la seule vérité est qu’elle est et demeure fantomatique : ainsi se justifient les photographies où, sur une même planche, des individus reviennent d’un cliché à l’autre, comme une vérification de leur présence.




Transcription
«QUI VOYEZ-VOUS ? /// Nous ne voyons personne /// Nous voyons parfois quelqu’un / sinon comme quelqu’un qu’on voit / du moins comme quelqu’un qu’on voit parfois /// Parfois / nous voyons quelqu’un / mais en général / nous ne voyons / personne /// Quand nous voyons quelqu’un / nous ne voyons personne /// Mais personne ne voit qu’en ne voyant personne / on voit toujours quelqu’un /// On voit bien que nous nous voyons / puisque nous nous voyons parfois / quoique pas toujours pour se voir / et encore moins pour voir / que l’on ne se voit pas /// [très bas sur le feuillet, presque masqué par le cadre, bas du feuillet déborde de la fente] Comme si personne ne voyait /// [passage en orientation paysage] /// Quelqu’un voit pourtant /// que nous ne voyons pas / et que nous voyons pourtant / quelqu’un /// parfois /// Comme si / nous ne voyons / personne /// et comme si nous voyons pourtant / quelqu’un /// Mais en général / nous ne voyons personne / même quand nous voyons quelqu’un / et quand quelqu’un voit / que nous ne voyons personne»
Références
Texte intégral et sans différence (sinon des majuscules) de la version de «Qui voyez-vous» des Paralipomènes (éd. Le Soleil Noir, 1976), p. 30-31.

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