L’OBJET DU REFUS – Ghérasim Luca

non daté [1962-1963], ex. unique.
– 44 p. ; 18 x 13 x 6,5 cm ; (2’) – album photo, 24 clichés ; texte autographe, lettres capitales, «aux petits points», encre blanche sur Canson noir.
– couv. cuir rouge frappé ; 20 planches, carton fort blanc ajouré.
Fonds Ghérasim Luca, donation Micheline Catti ; inv. n° 084 23.

Détails

Album photo de 20 planches de carton fort blanc ajouré de part en part (1 fenêtre par planche).

Couverture en cuir rouge, plat et dos frappé, intérieur des chasses dorées ; fermoirs métalliques absents ; tranches dorées ; reliure scindée en deux entre la 13e et la 14e page ; fenêtres encadrées d’un gaufrage léger ; gardes en carton fin, doublé d’un papier blanc moiré et strié.

24 photographies fin XIXe siècle, 5 format cabinet, 19 format carte de visite ; portrait divers, d’abord soldats, puis portraits plain-pieds ou bustes d’enfants, hommes, femmes, de divers âges, pour grande partie en extérieur (rare dans les albums) ; l’une d’entre elles est coloriée au stylo noir (écharpe blanche coloriée) ; effets de miroir entre les pages en vis-à-vis (personnages identiques / analogues), jeu de contrastes quand intervient un texte, surtout entre thématique de la maladie et photographies d’enfants.

Textes autographes, «aux petits points», à l’encre blanche, lettres capitales sur 16 feuillets de Canson noir granuleux format carte de visite insérés dans les ajours vides, deux laissés vides, dont le dernier.

Entre l’«OBJET DU REFUS» et «LE REFUS MÊME» se joue l’intensité du programme de Ghérasim Luca. Il n’est pas question pour lui de s’arrêter à penser le refus, mais bien de l’incarner par une pratique de vie dépendante d’une pratique du langage. Avec Ghérasim Luca, l’expérience du langage dans le poème, et ainsi tous ses remous, sont à envisager comme une secousse de l’être et une pression exercée à même le corps (voir à ce sujet les hypothèses de Serge Martin dans Ghérasim Luca, une voix inflammable, Tarabuste, 2018).

Transcription

«L’OBJET / DU REFUS /// NOUS / PROPOSE /// LE MONDE /// OU LA FOLIE /// DISPERSION /// OU ÉTOUFFEMENT /// LE CANCER /// OU LA LÈPRE /// MAIS /// LE REFUS MÊME /// [CARTON VIDE] /// NOUS INFUSE /// LÈPRE / ET / CANCER /// EN / «TÊTE À TÊTE» /// SANS «T» NI «É» // À SANTÉ NIÉE /// [dernier carton vide]»

Références

«Apostroph’ apocalypse», Paralipomènes, (éd. Le Soleil Noir, 1976), p.71 : «en «tête à tête» / sans «t» ni «é» / à santée niée» > «EN / «TÊTE À TÊTE» /// SANS «T» NI «É» // À SANTÉ NIÉE». Notation récurrente dans les albums, qu’on retrouve dans APOSTROPHE D’ÊTRE, TIR À L’ARC-ENFER et L’ANGE «JE».

Remarques

L’organisation des photographies se joue principalement sur des parallèles, où deux photographies se font écho par ressemblance, identité ou technique de tirage semblable. Les variations offertes par deux poses différentes d’un même individu, ou ajout d’une personne dans le cadre, ou évolution légère de l’environnement, crée une atmosphère particulière, où l’album semble former un mouvement.